Cas célèbres
Vincent HUMBERT, 2003
« Je vous demande le droit de mourir. » Cette phrase est associée à l'histoire tragique de Vincent Humbert. Le 24
septembre 2000, ce jeune pompier est victime d'un accident de la route qui le laisse tétraplégique, aveugle et muet, tout en étant totalement lucide. Les paupières cousues, communiquant avec sa mère par le pouce, il écrit une lettre à Jacques Chirac en 2002, lui demandant le droit de mourir. Devant le refus de tous, sa mère, Marie, lui injecte des produits létaux le 24 septembre 2003. Les médecins parviennent à sauver le jeune homme avant que le docteur Chaussoy, anesthésiste-réanimateur, l'aide à mourir deux jours plus tard. Mis en examen, la mère et le docteur Chaussoy bénéficient d'un non-lieu début 2006. Au grand regret de Marie Humbert, qui voulait profiter de ce procès pour porter le débat sur la place publique.
L'histoire de Rémy Salvat est sans aucun doute l'un des plus marquants cas d'euthanasie français. Le jeune homme, tétraplégique ?, s'est suicidé suite à une réponse négative du président de la république à une de ses lettres. Dans celle-ci, il exposait son souhait le plus profond : légaliser l'euthanasie. Rémy s'exprimait dans cette lettre au noms de tous les malades dans son cas, et demandait son droit naturel de mourir dignement.
Voici sa lettre :
'Monsieur le Président,
Je sais qu'un jour, je vais perdre mes moyens. Je ne pourrai plus marcher mais aussi plus utiliser mes bras et mes mains. Ma mémoire sera aussi tombée et je ne sais pas si je pourrai encore lire ...
Mais mon coeur et mes poumons tiendront le coup. On pourra me maintenir en vie pendant des années en me fournissant par exemple une sonde.
Je ne veux pas rester comme ça, je ne veux pas que l'on m'oblige à vivre en m'abandonnant à mon corps si j'en suis prisonnier. Comme Vincent Humbert, je demande à ce moment qu'on me permette de mourir pour me libérer de mes souffrances.
Je sais qu'en France, il n'y a pas de loi qui permette aux équipes médiales de pratiquer l'euthanasie. Ça m'empêche de vivre en paix ... Alors, j'ai demandé à ma mère d'avoir le courage de m'aider à partir quand je serai trop malade. Mais je sais que je lui demande quelque chose de terrible pour une maman. Il faut que la loi change !
Le problème est que vous, Monsieur Nicolas Sarkozy, vous ne voulez pas en entendre parler. Moi, Rémy Salvat, je vous demande laisser de coté votre avis personnel et d'arrêter d'être sourd. Vous le pouvez, si vous êtes Président de tous les français.
Rémy Salvat'
Cependant, l'affaire ne se termine pas la. Après ses obsèques, le décès de Rémy devient suspect à cause du fait qu'il ait gagné une fortune avant d'être diminué par sa maladie. Sa mère, ayant déjà essayé de le tuer lorsqu'il avait neuf ans, est alors mise en examen,avant qu'un non-lieu ne soit prononcé.
Le cas de Chantal Sébire est aussi très célèbre. Atteinte d'un esthésioneuroblastome (tumeur incurable très rare des sinus et de la cloison nasale), elle était littéralement mangée par la douleur. Privée de son odorat, du goût et de la vue, elle réclame en 2008 à Nicolas Sarkozy le droit de mourir dans la dignité. Dans sa lettre, elle raconte ses douleurs physiques insupportables et son souhait de recourir à un produit létal, autorisé aux Pays-Bas ou en Belgique. Ce cas a vivement ravivé le débat sur l'euthanasie en France, état dans lequel l'euthanasie active est interdite. Ce débat sera relayé en Europe, et plusieurs médias internationaux (BBC, Time...) vont s'intéresser à Chantal Sébire.
Cependant, la requête de Mme Sébire est rejetée le 17 mars 2008 par le tribunal de grande instance de Dijon, appliquant la loi Leonetti, ne permettant que l'euthanasie passive.
Son décès, précédé d'un combat médiatique, a relancé un débat sur la délicate question de l'euthanasie, qui s'est multiplié sur de nombreux sites et forums Internet.